Une amitié sans faille.
Beaucoup de gens aimaient Yves. C'était un bon camarade, a good fellow.
Il y avait aussi Edouard Parker, vieille connaissance avec qui il travaillait à certaines périodes, faisant de la prévision. Pour l'avoir aidé à prendre en dictée, il y travaillait la nuit quand toute la maison de son ami dormait. Ils écrivirent deux livres ensembles Les dictatures d'intelligentsias et L'affaire Tchernobyl. Parker était très à droite et Yves pas si loin et pro-nucléaire à tout crin. Comme le disait Yves le nucléaire français était en quelque sorte son bébé. Il en avait fait les premiers calculs informatiques. Ils défendirent l'indéfendable, en niant toutes les accusations contre le nucléaire. Pour eux aussi le nuage était resté à la frontière ou n'était pas aussi dangereux qu'on le disait. Yves se rendit à Tchernobyl et y prit un cailloux que j'envoyais à examiner. Irradiée ? Ils voulaient prouver que le danger était moindre, pas seuls à tenir ce raisonnement en France. La réalité de Tchernobyl on la verrait plus tard, et combien ils s'étaient trompés. Pas sur tout. Pour l'un ou l'autre livre, ils furent invités à une émission de débat très regardée. Edouard Parker pétât un plomb en direct, un délire droitier qui sidéra tout le monde. Il ne faisait que dire ce qu'il pensait et ça ça m'étonnait moins. Et Yves ne parla pas sur ce plateau, tout le monde étant à son tour sidéré par ce discours, gêné. Je n'avais jamais aimé Edouard Parker. Yves se demanda si il devait continuer de travailler avec son ami. Ils se séparèrent, mais ce ne fût pas simple. Et Yves se trouva bientôt à cours d'argent, car ce travail avec Parker était très bien rémunéré.
Une vraie amitié se noua comme je l'ai écrit ailleurs, avec Harold Garfinkel. Yves défendant l'ethnométhodologie, une belle relation s'entamait depuis sa première visite en Californie. Pas disciple, reconnaissant pourtant, et chercheur principalement.
Beaucoup de gens aimaient Yves. C'était un bon camarade, a good fellow.
Une
fois par mois à peu près, il se rendait le samedi chez Robert Jaulin,
quand celui-ci habitait encore Montmartre. Ils étaient tous deux
mathématiciens et issus de grandes familles. Croire qu'Yves pourrait
avoir envie de déboulonner Jaulin, était seulement impensable et bête et prendre ses désir...
Il était redevable. Ils discutaient, c'était là l'important pour eux.
Pas sûre que Jaulin se ralliait inconditionnellement à
l'ethnométhodologie, mais ils en parlaient. Et grâce à Yves Lecerf, tout
de même, le diplôme était reconduit. Sous la tutelle d'Yves ? Si sa
seule requête était que les étudiants purement ethnologues fassent un lexique, et c'était une vraie lutte pour ne pas y arriver, l'ingérence était mince.
Il
était ami de longue date avec Thierry Baffoy qui avait d'abord été
celui de Didier Lecerf, le frère d'Yves qui avait aussi participé à la
rédaction des Marchands de Dieu. Et ils s'étaient retrouvés dans la lutte contre les sectes. Il fût l'un de ceux qui décidèrent que la messe d'enterrement de Yves aurait lieu dans cette chapelle près de Montparnasse, chapelle catholique. Peut-être était-ce le souhait de Yves ? Je n'en sais rien et cela m'étonnait.
Georges
Lapassade était également un proche. Mais dans ces relations où se
mêlait pourtant principalement leur carrière universitaires, les
relations n'étaient pas toujours si simples et bardées de rivalités tout
de même. Yves aussi voulait être en haut, maintenir sa place. Il
était ambitieux mais le plus souvent honnête. Avec certains profs
d'ethno donc, c'était cependant une lutte à mort. Ils étaient ses
ennemis à faire croire qu'on allait leur voler leur liberté. Ils
présentèrent un ou des projets pour l'UFR qui furent tous refusés. Ceux
d'Yves non. Et je voyais bien, en bossant avec lui, qu'il était une bête
administrative qui avait été autre chose qu'un professeur, mais plutôt
un fonctionnaire de plus haut vol. Il savait qu'ailleurs il aurait pu
gagner dix fois plus d'argent. Mais le combat contre la secte l'avait
laissé exsangue.
Il y avait aussi Edouard Parker, vieille connaissance avec qui il travaillait à certaines périodes, faisant de la prévision. Pour l'avoir aidé à prendre en dictée, il y travaillait la nuit quand toute la maison de son ami dormait. Ils écrivirent deux livres ensembles Les dictatures d'intelligentsias et L'affaire Tchernobyl. Parker était très à droite et Yves pas si loin et pro-nucléaire à tout crin. Comme le disait Yves le nucléaire français était en quelque sorte son bébé. Il en avait fait les premiers calculs informatiques. Ils défendirent l'indéfendable, en niant toutes les accusations contre le nucléaire. Pour eux aussi le nuage était resté à la frontière ou n'était pas aussi dangereux qu'on le disait. Yves se rendit à Tchernobyl et y prit un cailloux que j'envoyais à examiner. Irradiée ? Ils voulaient prouver que le danger était moindre, pas seuls à tenir ce raisonnement en France. La réalité de Tchernobyl on la verrait plus tard, et combien ils s'étaient trompés. Pas sur tout. Pour l'un ou l'autre livre, ils furent invités à une émission de débat très regardée. Edouard Parker pétât un plomb en direct, un délire droitier qui sidéra tout le monde. Il ne faisait que dire ce qu'il pensait et ça ça m'étonnait moins. Et Yves ne parla pas sur ce plateau, tout le monde étant à son tour sidéré par ce discours, gêné. Je n'avais jamais aimé Edouard Parker. Yves se demanda si il devait continuer de travailler avec son ami. Ils se séparèrent, mais ce ne fût pas simple. Et Yves se trouva bientôt à cours d'argent, car ce travail avec Parker était très bien rémunéré.
Une vraie amitié se noua comme je l'ai écrit ailleurs, avec Harold Garfinkel. Yves défendant l'ethnométhodologie, une belle relation s'entamait depuis sa première visite en Californie. Pas disciple, reconnaissant pourtant, et chercheur principalement.
Non,
Yves n'était pas seul, appuyé cependant à une solitude qui le blessait
constamment. Il m'expliquait que c'était difficile l'amitié, que la
plupart de ses amis étaient aussi ses collègues. Alors c'était plus
compliqué qu'un simple mot. Et c'était malgré tout seul qu'il avait du
affronter les sectes, celle des Trois saints cœurs, mais sinon la
scientologie qui mettait entre autre des lettres d'insultes dans les
boîtes à lettres des voisins d'Yves. Malmené et abandonné des siens, il
éprouvera des difficultés à faire simplement confiance.
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