[Dans un recueil
de colères j'ai écrit ce texte qui essaye de tout rapporter.]
Je l'avais cherché cet homme et reconnu et trouvé. A la fin je n'allais plus au cours du jeudi, son rendez-vous amoureux avec les étudiants qu'il invitait ensuite à boire dans les cafés du coin, plus tard au restaurant chinois jusque loin dans la nuit. Inquiet de ne bientôt plus pouvoir payer sa tournée. Et là encore, et s'il n'y mettait pas le prix, personne ne viendrait vers lui. Ça il le croyait aussi dur comme fer, autant qu'à son ésotérisme de bazar. Je pensais avoir été assez explicite et je m'étais trompée. Il avait lui aussi besoin de beaucoup trop de mots.
Il travaillait sur la vérité, et s'en chasser comme on quitte un Eden morbide, en ausculter les recoins obscurs pour prouver que finalement elle n'existe pas ou seulement provisoirement, seulement entachée par tous nos liens.
« Je
me suis assis... J'ai fermé les yeux - comme ça - et je pense :
Ceux qui vivront cent, deux cents ans après nous — et pour qui
nous déblayons maintenant le chemin — se souviendront-ils
seulement de nous ? » Anton
Tchekhov (1860-1904)
Le vieil homme est
allongé mort dans la grisaille, au creux d'une sorte d'abandon d'un
lieu-dit froid comme le sont tous les parkings. Hostiles. Leur
tristesse, leur désolation, la menace rampante. Voici le coeur qui
lâche, je le sais, en connais parfaitement le mécanisme... et c'est
facile. Une horlogerie de la douleur. Un truc qui se reproduit tous
les vingt ans et qui m'assomme. Moi qui reste aussi courageuse
qu'idiote.
Ça va être encore
de ma faute... voilà la mécanique principale qui voit le jour et
qui s'essaye à ne pas pleurer. Vouloir être importante même là ?
Narcisse observant les dégâts, pour une fois qu'il regarderait
autre chose que lui-même. Parce que j'imagine qu'on a toujours notre
part dans la mort de tous ces proches qui s'en vont. Et sans vouloir
essayer de penser qu'il suffit de se flageller pour y échapper. On y
est.
Je n'étais pas là
à ce moment-là.
Tout réside dans ce
souhait de parvenir à la dompter la mort où comme au cirque et elle
serait un tigre-serpent qui à la fin saluerait et disparaîtrait. Un
être hybride qui sera justement le clou du spectacle. Quand la mort
n'existera pas autrement que grimée. C'est pas le temps ! Elle
regarde toujours en biais et ricane puisqu'elle tient aussi de la
hyène et se tait comme les vautours observant ceux qui se battent
encore, et de qui ils vont se nourrir, eux, bientôt. Après. Regard
amusé de ces oiseaux toujours plus ou moins décharnés.
Je le voulais
immortel mon ami, Yves Lecerf, le mort de l'histoire. Et je ne tenais
pas tant que cela à croiser encore cette mort contre laquelle on est
toujours perdant. Au casino de celle-ci, c'est l'absence qui emporte
toujours la mise, comme dans tous les lieux de jeu d'ailleurs. La
chance ça n'existe pas en la matière. Elle lui a fait ça.
Yves Lecerf, le chef
du département d'Informatique de Paris-8, l'ancien Normalien et
Polytechnicien, l'un des fondateurs de l'Association de Défense des
Familles et de l'Individu (ADEFI) qui lutte et récupère les membres
de sectes et qui souhaiteraient en échapper, l'un des précurseurs
de la traduction automatique des langues qu'il lâche, celui qui fera
aussi les premiers calculs concernant les centrales nucléaires qu'il
considérait comme ses « bébés », le membre de cabinet
ministériel à l'époque de Georges Pompidou il me semble, l'auteur,
l'ami de Robert Jaulin et de Michel de Certeau, le professeur qui
gît-là dans un des sinistres parkings de l'université de
Saint-Denis, au bord d'une nationale et dans un désert
aussi silencieux.
Avec pourtant ce
bruit de fond permanent, celui de l'énorme ville, une capitale qui
gronde toujours et contre toute éternité.
Dans
ce truc comme en friche qu'est encore à cette époque la fameuse
université Saint-Denis - Vincennes,
Paris-8. Et malgré les grand travaux qui s'y opèrent depuis
longtemps, défaisant peu à peu le provisoire durable du
préfabriqué, l'université s'installe dans le 93 en département
jugé malcommode. François Mitterrand lui-même vient inaugurer la
plus grande bibliothèque universitaire de France. Je ne l'ai vu que
dans la fan zone... trop de monde.
Paris-8 est son fief
à l'homme mort dans le parking. Il me l'a appris, mais pas parlé de
cet enlèvement d'une mort prévue.
La sournoise maladie
des coeurs qui si elle ne se voit pas, s'acharne.
Là
gît la coque vide d'une âme désespérée, d'un jeune homme de 64
ans qui avait prédit sa propre mort, son suicide
cosmique.
"Avant
l'accomplissement",
le dernier hexagramme du Yi-King, le sien, sa mort annoncée. Il ne
manquait plus que ça !
Et tu te serais
décidé à te laisser mourir en appelant ces forces du coeur
justement et qu'elles s'arrêtent ? Tu me l'avais bien caché
puisque tout le monde semblait être au courant, sinon moi, comme le
disent les femmes trompées.
J'ai du pourtant le
deviner, je devais le savoir et c'est toi que je disputais à
l'époque au bout du téléphone. Quand je m'agite en manie, qu'elle
gronde bien malgré moi, c'est que j'ai compris que quelque chose de
grave adviendra, la chute du mur ou celle de Yves dans ce parking. Et
devenue libellule empêchée et effrayée, frappée de noir, je
sombre dans un oubli de folie, ma bonne excuse.
C'est ainsi comme si
dans l'au-delà tu y étais déjà, comme s'il fallait que je me
débarrasse de toi, avant l'heure. Je n'ai jamais ignoré les
silences. Sauf qu'ils finiront toujours par me terroriser.
Toutes ces morts puisque c'est encore de ma faute dont-il s'agit. Fâchée avec mon père le temps d'une soirée, mais la veille de sa mort, pour inventer autre chose que l'ignorance et des mots que personne ne dira. Mais la culpabilité ne m'a pas été enseignée et cela aide.
Toutes ces morts puisque c'est encore de ma faute dont-il s'agit. Fâchée avec mon père le temps d'une soirée, mais la veille de sa mort, pour inventer autre chose que l'ignorance et des mots que personne ne dira. Mais la culpabilité ne m'a pas été enseignée et cela aide.
La manie, encore
elle on dirait, m'avait décidée avant de quitter ce Département
d'Informatique où je ne voulais plus travailler, une possible
carrière que je fuis chaque fois, à écrire à la fin des
petits-mots à chacun des professeurs. Des trucs idiots, des billets,
mes oracles un peu bêtes pour un départ définitif. Et ces mots
imbéciles envoyés rendaient mon départ bien plus définitif qu'il
n'était possible, la folie ou mieux le ridicule imposent leurs
barrières. Me rendre idiote en croyant ainsi ne rien sentir. Comme
si ça se voulait sans retour. Peut-être était-ce cela que disait
mon ami, Yves devant qui ils se gaussaient à plaisir, quand il
parlait de ma manie de « scier la banche sur laquelle j'étais
assise ».
Ça n'est pas la
peur qui me fait fuir ainsi, mais plus souvent emmêlée à elle la
déception, qui s'insinue en tout ce que je vis. L'idéaliste la
connaît bien.
Il s'inquiétait
pour moi, aurait aimé me savoir en sécurité. Las... Sachant qu'il
allait mourir ? Je n'ai pu lui prouver comme la vie le dira, que
j'étais plus débrouillarde que mes peurs.
Bien sûr
qu'évidement je ne suis pas à l'origine de tous les arrêts
cardiaques que je croise. Ça va mal. Au moins je le sais.
Et
j'apprends l'histoire seulement après sa mort, cette histoire idiote
de l'hexagramme. Qu'est-ce que disent ces femmes imbéciles qui m'ont
confié leur secret après, comme extasiées ? Waouh ! ça
marchait les âneries de grand-gourou !
Une idiotie qu'il ne s'est pas dépêché de me conter, pourtant il
m'en avait bien imaginé d'autres d'histoires biscornues. Pas
celle-là.
Qu'est-ce qui
l'avait décidé à y croire ainsi ? Et s'il n'a pas osé m'en
parler, comme si j'allais casser sa prévision, sa baraque de foire,
illusionniste devant de fausses naïves. Comme si j'allais gueuler
encore plus fort contre des idées aussi saugrenues, contre ce si
terrible vertige de mort, ce présage institué.
Je l'avais cherché cet homme et reconnu et trouvé. A la fin je n'allais plus au cours du jeudi, son rendez-vous amoureux avec les étudiants qu'il invitait ensuite à boire dans les cafés du coin, plus tard au restaurant chinois jusque loin dans la nuit. Inquiet de ne bientôt plus pouvoir payer sa tournée. Et là encore, et s'il n'y mettait pas le prix, personne ne viendrait vers lui. Ça il le croyait aussi dur comme fer, autant qu'à son ésotérisme de bazar. Je pensais avoir été assez explicite et je m'étais trompée. Il avait lui aussi besoin de beaucoup trop de mots.
J'avais tant d'amour
pour lui, jusqu'à me décider adoptée, croire que j'avais du temps,
croire qu'elle ne gagnera pas cette fois encore. Pas si tôt. Pas si
seul.
Il me donne
rendez-vous deux fois rapprochées peu de temps avant sa mort, dans
un café à côté de la gare du Nord, près du Boulevard Magenta où
j'habite alors dans une chambre de bonne à l’oeil. Dernières
visites et s'il n'y avait pas pensé...
Pas me dire au
revoir ? Impensable à y regarder de près. Partie nulle.
Qu'est-ce que je
serai devenue sinon ? Et pourtant c'est aussi cruel puisqu'il
semblait savoir déjà. Il m'a tu tant de choses et je l'ai laissé
faire. Il ne s'agissait pas de mensonges, alors j'avais le temps. A
ce point-là j'aurais du me méfier. Mais rien de tout ça n'était
d'un ordre que j'aurais pu comprendre et accepter. Non c'était pas
du jeu.
Ces deux visites,
c'était décider de me faire échapper à la culpabilité oui. Elle
fausse tant les jugements. C'était un ingénieur issu de l'école
Polytechnique. Changer un joint ne lui était pas aussi difficile.
L'ingénieux menteur, et aurait-il pu ignorer qu'à chacun des
rendez-vous qu'il me donnerait, je serai toujours là ? Deux
fois. Présente. A la troisième non. On rigole avec des preuves dont
nous ne cessons d'avoir besoin, l'un comme l'autre. De la peine il ne
se doutait pas, c'est sûr. Comment le remercier ? Il ne se
trouvait pas indispensable non plus.
« La Toune
(c'est moi) a déjà essayé de se suicider ? » Je le
regarde mi-figue mi-amusée. Il me préfère plutôt folle que morte.
De quoi a-t-il peur ?
De
si doux moments, sans que je sache qu'il me faisait ses adieux. Et
quelque chose me laissait perplexe pourtant. Dans la brasserie où
nous étions, ces moments furent si savoureux, que je me disais
simplement « ...qu'est-ce qu'on s'aime... » et en être
joyeuse. Les meilleurs qui partent en premier. D'accord... Bis
repetita.
Il
me dépose aux Champs-Élysées. « Reste Toune, allez viens
avec moi... »
Je rigole forcément
encore en sortant de la voiture et ça s'appelle l'éternité à ce
moment-là, précisément. J'ai toujours fui la mort, alors c'est
comme si j'en étais tout autant coupable, plus, malgré tout. Et de
toute façon quand les gens sont morts, on arrive forcément en
retard. La disparition a toujours une longueur d'avance sur tout le
monde. Personne n'en est le premier averti, sinon le mort. Est-ce que
j'aurais pu le sauver dans le parking où il s'est écroulé ?
Le géant blessé au coeur de minot. L'homme le plus fervent que
j'aie rencontré. Le plus original, le meilleur.
Quand je le
trouvais, je passais des jours avec lui, camouflée en secrétaire
jusqu'à ce que nous prenions une autre direction.
Un homme aussi
étrange au début, avec des regards qui me faisaient peur, un doute
furieux qui brillait ou l'éteignait. Quelque chose de monstrueux et
dont la douleur n'était pas tarie. Mais se transforma à notre
contact. Il redevenait bon et humain, sa base d'envol, perplexe et
l'ayant refusé, c'est une telle torture d'aimer.
Au début, il
m'emportait à tous ses rendez-vous façon mascotte. Souvent il
s'endormait dans la voiture. « J'ai besoin de me reposer un
moment... » Une vieille Peugeot décapotable au toit ouvrant à
moitié déchiré qui protégeait à peine de la pluie. Il en avait
d'ailleurs trois identiques et en aussi piteux état. Il aimait la
nuit ou elle le terrorisait, il y travaillait au moins dans son
coeur. Son sommeil était tremblant, tressaillant comme s'il ne
pouvait jamais réellement se reposer. Comme s'il criait même
au-dedans ou surtout.
J'attendais
silencieuse et étonnée dans une rue de Paris où il s'était arrêté
pour s'assoupir quelques instants. Récupérer ce que la peur lui a
ôté, dans les bruitages de la ville. J'avais une peur aussi
perceptible que toutes mes interrogations. Je connaissais à peine
cet homme dont je surveillais le sommeil. Envie de partir, de
trouille aussi. Il est dingue ? Il inquiétait au moins.
Tu m'as ramené ce
soir-là tout près de chez moi, d'un tour en voiture, comme j'aime,
comme ça me fait des souvenirs et m'en rend de très anciens. Un
père me conduit.
"Tu
vis avec quelqu'un ?
- Oui.
- Et tu l'aimes ?
- Oui."
Questionnée sans
cesse par la disparition de mon père, je rencontrais cet homme qui
avait justement l'âge idéal de l'être (ses années 30 quand mon
père était de 1920, « gosse de vieux » on disait
alors). La preuve en était puisqu'il avait deux filles exactement du
même âge que ma soeur et moi. Pareil, mathématique déjà. J'étais
la benjamine encore. Et il n'avait pas revu ses filles depuis 1975,
l'année de la mort de mon père, lui depuis un procès retentissant.
Agé de 55 ans par ailleurs presque quand je l'ai rencontré, âge
critique de la mort de mon père. L'heure dite.
Croyez-moi j'ai
depuis si longtemps inventé ce calcul mental permanent et qui
heureusement aussi m'amuse et finit en si compliqué. Insensé.
Je le sauverai
celui-là, comme on s'accroche à toutes les coïncidences qui font
que l'on aime quelqu'un. Il tiendra presque dix ans.
Nous vivions une
sorte de rencontre forcée, qui s'élargira jusqu'à la belle amitié
d'une fine équipe. Cette filiation inventée, vécue et par qui et
dure encore, en moi. Exactement ex-æquo avec mon paternel. Ça n'est
pas rien de le dire, rien de plus que ce qui fût et restera. L'homme
qui m'a portée. A chercher aussi du côté de l'ergot de seigle pour
supporter ma folie. Et qu'il m'aime pendant dix ans, c'est bien
ainsi, c'est gagné sur le temps justement, sur la mort bien sûr.
Sur la souffrance. Plus malade pendant vingt ans à partir du top de
départ de sa fin.
« Malheur souhaite rencontrer un autre malheur et aussi grave, pareil. »
« Malheur souhaite rencontrer un autre malheur et aussi grave, pareil. »
Annonce !
Un
avis de recherche. Wanted. Adopte
un mec point com.
En rire. C'est la
condition. Malheureux d'absences, c'était comme allumer un feu de
camp et parler jusque tard dans la nuit en mangeant des marshmallows.
Je l'observais
silencieusement cet homme fragile, avec peur et affection. La peur
disparaîtra, essayera de s'inventer un autre mouvement, à force.
L'affection grandira autant, plus à chaque fois. Nous ne nous
quitterons plus jamais. Même si je me suis absentée, comme on croit
que le port restera éternellement à sa place, à attendre, à
m'attendre. Se retrouver.
Ainsi combien de
fois lui ai-je demandé, incertaine et perdue, toujours et malgré
lui, si il m'avait remarquée quand moi je le voyais pour la première
fois. Et un professeur a une dimension visible qui peut le rendre
attractif au mieux.
A l'Université
d'Orsay, menant le débat ce jour-là, avec maestria, assurance. Et
soudain, revenu à la vie civile, devant le buffet dressé pour
l'occasion, alors timide, comme effrayé quand je m'adresse à lui.
Les deux faces d'un homme d'exception. Le malheur recouvrait tout et
je m'en aperçus dès la première fois qu'il m'invita chez lui.
« Est-ce que
tu m'as vue ? » telle sera ma constante question. Ou
est-ce que j'avais encore construit à moi-seule une histoire qui
finalement n'existait peut-être pas au-delà de moi justement ?
Il répondait toujours oui à cette question, facétieux, comme on
veut que l'autre soit tranquille, mais pas tout à fait.
« C'est la
rencontre de deux archétypes... » murmure-t-il quand je suis
ce jour-là contre lui. Lesquels ? Je ne sais pas ce qu'il a
voulu dire et ne lui en reparlerai pas. C'est déjà joli, comme on
ouvre pas certains cadeaux ou trop tard. Il me connaît déjà mieux
qu'il ne le dira. Des interrogations laissées en suspens j'en ai
encore des millions. Il est Calviniste d'origine et j'ai quelques
questions à ce sujet, cette histoire de la « grâce ».
Sans vraiment savoir je trouvais déjà ça a priori injuste du peu
de ce que j'en comprenais. Et c'était comme si je ne pouvais pas lui
demander, me le permettre, pas me tromper de question, surtout si je
ne trouvais pas le bon angle et à temps. Je me tais.
Rester dans la
question et le partage d'un père-(adoptif). Il y a un temps où on
cherche moins à comprendre quelqu'un que d'être avec. A l'évidence
nous étions noués. Noués comme des mouchoirs et pour se souvenir.
On
n'allait pas ressasser le malheur, comme si nous n'étions faits que
de ça. Rien que deux malheureux, pour de rire.
Son
appartement ressemblait véritablement à un bunker en désordre
absolu, qui montre au moins qu'il en a fait un abri anti-tout. Et
j'appris plus tard qu'il fut agressé jusqu'à l'horreur par des
sectes et bien sûr la scientologie pour qui il était jugé
"suppressif",
un de leurs mots baveux. Que faire sinon supprimer les suppressifs
justement,
puisque c'est prévu d'une manière comme d'une autre dans leur code
d'horreur. La Dianétique,
leur Mein Kampf.
Une pâle histoire de science-fiction inventée par Ron Hubbard pour
des gens enracinés principalement dans les terres de l'argent. C'est
leur signe de croix. Ils vont jusqu'à l'abomination sans être puni
ou rarement. Pas là.
La maison d'Yves, un
lieu que j'ai aimé de suite. Il m'emportera au fond comme on est sur
une île qui vous appartient en propre et où personne ne viendra à
l'improviste. Comme on va déballer un autre cadeau plus confus.
Comme on retrouve un doudou intact. Une grotte, un abri sans doute.
Un Éden en bazar.
Il donnait avant que
je ne le rencontre, un cours sur le sujet des sectes et pendant de
nombreuses années. Alors ces gens de chez Moon et autres inventions
morbides de l'époque, s'invitaient à son séminaire pour en faire
le rapport.
Il était encore
comme figé, gelé dans un souvenir atroce et merveilleux à la fois,
presque entièrement cassé par le départ de sa femme, tête
pensante de la secte avec son complice le pape Jean. Embobinant ses
propres enfants. Livrant ses filles, brutalisant le fils, les enfants
de Yves Lecerf. Rien que ça.. Quelle vendetta en elle ?
[Dans
les contes de Grimm, très souvent, la marâtre n'est pas forcément
la belle-mère comme on le pense, mais plus souvent la mère, la
biologique. On trouve de ces marâtres-mères et elles veulent, elles
décident d'envoyer leurs enfants dans le bois comme dans Hansel et Gretel. C'est elles qui en
ont l'idée et pas la pauvreté seule. Le meilleur exemple étant
l'histoire de la femme du Pécheur, qui n'a même pas d'enfant
d'ailleurs, et qui dit clairement celle-là que ça n'est pas son
affaire. Elle veut grimper. Châtelaine, reine et bientôt papesse.
Et après ? A vos manuels des frères Grimm, elle y est La
femme du Pécheur. Elle existe et c'est
une torture pour chaque enfant de telles femmes quand elles en ont.
Elles torturent leurs mômes ces Muttis là, en jouissent. Après, se
voulant à l'égale de Dieu et le remplacer aussi facilement que de
devenir la reine du monde. La fin mirifique de cette femme du
pécheur, on l'espère. Elle se retrouve dans sa cabane, comme au
début... Une cabane en bois, bois de sapin dans lequel se retrouvent
à la fin même les plus riches, même les plus importantes, les plus
ambitieuses.]
Dans un cauchemar
récurrent, la femme d'Yves Lecerf entraîne tout avec elle. Sorte de
Médée. Comme on retire l'amour, comme on veut casser du père, pour
se perdre éternellement dans une invention hideuse, sur le dos d'un
mec pauvre, Jésus, celui qui se baladait en sandalettes comme ils
l'oublient toujours. Civitas ou les frères Melchior. Ce Yeshoua,
c'est son prénom pas trafiqué, et qu'ils ont empaillé dans un
de leurs châteaux. Eux contre lesquels Yves Lecerf qu'ils crucifient
et se battra en vain.
Devinez pourquoi ?
Pourquoi les attentats ? Pourquoi oui la Loi de 1905 et pourquoi
non la Loi de 1905 ?
Liberté
de culte ?! Dans les années 70, n'importe quel débile invente
des trucs comme des draps ensanglantés qui sortent de la machine à
laver – Houdini lui-même n'y avait pas pensé – et c'est la
liberté d'inventer du vaudou sur fond d'orgies sexuelles. Liberté
de cultes vous dis-je.
Et
heureusement l'un des premiers contrats des anonymous
concerne la
Scientologie et ne lâchent pas ? Interrogez-vous, même
aujourd'hui.
De
fausses croyances criminelles circulent et elles en ont le droit.
C'est dans les années 1990 que les choses ont commencées à changer
en France au moins et avec le Rapport Vivien qui expliquait les
sectes et leurs pièges. Donnant des moyens pour empêcher certaines
dérives constatées. Dans d'autres pays d'Europe ils peuvent être
encore laxistes, en fête regrettable d'un communautarisme qui exclut
toutes et tous, et respectant le mot Eglise même sur fond d'hérésie
comme en Espagne. Cependant que la flotte de la Sea
Org, celle
du créateur de la scientologie, devient une autre nécessité :
échapper au fisc et aux moeurs sûrement, puisque malgré tout un
certain nombre de pays essayent de la démasquer cette secte, comme
une tentacule plus dangereuse et à tous les étages. Aux États-Unis
ou en Espagne, elle est considérée comme une religion légale. On
joue perdant. Mais des gens se battent qui pour certains ont vécus,
y sont même nés dans la secte pour beaucoup. Basculer
puisqu'ils sont trompés depuis le début. Des enfants deviennent
suppressifs pour leurs parents. Ou l'inverse.
Voler, violer,
briser, sur fond de signes de croix, de coeurs sanglants et
d'annonces. Tordre le Texte de référence bien autrement jusqu'au
pire, renversement de valeurs comme au marché de certains
satanistes. Tous ces livres qu'ils se refusent à lire, Ancien,
Nouveau ou Dernier Testament.
Quand
Ron Hubbard invente le texte fondateur, La
Dianétique,
c'est encore le mieux. Rien pour vous contrarier. Un blouguiboulga de
meneurs inventifs. Ou les inepties de Claude Vorilhon devenu Raël,
passeur de relations inter-galactiques et attendant auprès des
anges, c'est à dire de femmes élues qui les servent forcément.
Femmes qui servent
autant au pape Jean de la secte des Trois Saint-Coeur, celle de la
femme d'Yves Lecerf qui concerne mon ami. Trois frères en rois de
l’esbroufe, des chimistes avides et des magiciens du chantage qui
remportent toutes les mises. Le chef a de l'ascendant pour le moins
et comme d'habitude. Le paradis des Vierges sur terre n'appartient
pas aux seuls Musulmans. Pas moins pas plus que Daech. Pas autrement.
Pas
contre cette loi de 1905 soit, mais elle a les moyens d'obliger à
respecter des monstres comme on le voit aujourd'hui, quand Yves
Lecerf était martyrisé hier, sans qu'on le veuille le savoir, sans
qu'on l'écoute (Les marchands de Dieu. Analyse
socio-politique de l'affaire Melchior (Trois Saints Coeur) Ed.
Complexe 1975).
Alors oui on a pris
cependant depuis quelques mesures à propos de ces sectes. C'est
heureux et sera un soulagement notable, pour Yves aussi au-delà.
Même certains scientologues sont tombés depuis, ont pour certains
remboursés leur dette.
Yves
Lecerf n'a pas cessé d'imaginer les moyens d'y échapper au
sectarisme, pas lui seul. Il agaçait son monde à demander à chaque
étudiant qui rendrait un travail, Master 1 ou 2, un
lexique.
Sans bien l'expliquer d'ailleurs. C'était la preuve à l'oeuvre que
ce lexique ne serait jamais le même pour tous, que nous le
façonnions chacun. Pas un mot dont nous n'ayons pas une définition
propre qui restera nuancée. Heureusement. Pas un dictionnaire qui
eut raison définitivement. La nique aux immortels. Un préalable qui
se prouvait à chaque fois que nous acceptions d'y avoir affaire, car
on est tous à si facilement oublier que personne n'a raison.
Un bel exemple que
j'ai vécu, c'est dans un HP où je me baguenaudais encore une fois,
nous patients avons joué au jeu de donner la définition d'une mot,
s'imaginer en dictionnaire. Je jouais le jeu jusqu'à presque en
donner la phonétique. Pendant qu'une autre fille hospitalisée fit
un coq à l'âne qui la conduisit à nous parler de son anorexie.
Définition large d'un mot qui n'avait pas pour nous ce rapport là.
On peut faire de grands écarts avec certains mots.
Et je n'ai compris
cette question qu'en travaillant à mon mémoire. Je l'ai fait ce
lexique et je l'ai compris comme une idée passionnante.
Perdant ou gagnant,
Yves ne reverra jamais plus ses filles. La douloureuse payée cash
avec des arriérés.
La scientologie, cet
autre monstre sans tête ou cette hydre déterminée, le vit en
ennemi aussi décidé et n'avait rien à perdre puisqu'il était au
désert. Ses membres déposaient des lettres d'insultes le concernant
dans les boîtes au lettres de tous ses voisins, et autres
intimidations si violentes contre lesquelles on ne pouvait pas grand
chose. Il n'osait pas tout raconter et j'avais peur de certaines
questions que je ne posais pas. Au début j'étais effrayée quand
j'arrivais chez lui à l'idée d'y croiser l'un ou l'autre de ces
Adeptes.
Ils finirent par
laisser tomber, laissant cet homme effrayé, abîmé, désolé.
Il travaille alors
après assez logiquement sur la rumeur et combien il est impossible
de s'en prémunir. Désamorcer une rumeur est aussi définitif,
précis que de déminer. Le coeur battant qu'on essaye de dominer et
jusqu'à croire pouvoir se dominer. Tomber de détresse.
Il avait ajouté
dans son appartement, des portes aux portes, comme s'il avait eu
besoin de plus de protection encore que sa porte blindée. Comme
s'ils l'avaient harcelés jusqu'à son palier, sa seule sortie de
secours. Jamais tranquille. Il dormait mal et semblait souffrir quand
il y parvenait. En proie aux cauchemars comme on n'est jamais
tranquille. Le repos il avait oublié ce que c'était. Au moins
absent un moment, pas seul, alors que tout vit autour de lui, garé à
Sèvres-Babylone ou ailleurs.
On ne s'est pas
apitoyés pour autant, parfois pour de rire puisque c'était de toute
manière toujours trop. Le procès de 1975 et d'autres avant et
après, étaient partout dans la maison. C'est eux qui faisaient peur
et à Yves aussi. Des dossiers et des dossiers dans toutes les
pièces, des bibliothèques de témoignages, faux pour certains et
atroces, jusque dans les couloirs, jusqu'à l'obsession, la hantise.
C'était oppressant, insupportable.
Un jour, Yves en
voyage aux États-Unis me laisse son appartement. Je le connaissais
depuis seulement quelques mois.
J'aurais pu croire
que cet endroit me ferait peur, et c'était bien le cas par moment et
en son absence. Mais pas principalement. Sinon je ne serais pas
restée. Je me demandais pourtant au début dans quelle galère
j'étais embarquée. Est-ce que je passerai mon temps à le regarder
souffrir, ne pipant mots ? Il y avait cependant des traces
encore, des empreintes partout qui disaient déjà l'avenir, et sans
que je l'entende encore étant devenue le dernier cri de l'écho.
Mais il y aurait aussi la paix et un profond sentiment de sécurité
qu'éveilla cet homme-là en moi. J'ignorais quel sens j'avais pour
lui.
A force de fabriquer
des histoires, elles existent, mais sont-elles des preuves ?
Alors chez lui
j'ouvre les boites d'archives, pleine de la fascination que tout cela
exerce sur moi. Sur tous d'ailleurs, mais comme un lâche abandon
généralisé. C'était trop messieurs mesdames ?
J'ai bien compris à
une époque que j'étais regardée bizarrement. Était-ce parce que
j'étais là, à ses côtés ? Et combien s'y étaient
essayé(e)s avant moi. Les filles d'ethnologie m'interrogeaient comme
si je possédais un secret. Je n'avais pas les mots ou peur de trahir
quelque chose que je ne comprenais pas encore très bien moi-même.
Alors je bredouillais comme quand c'est le cas. Leur intérêt pour
moi concernait Yves surtout. J'avais passé le gué on aurait dit,
mais lequel ?
« Je vous ai
toujours sentie bien malgré moi comme une rivale... » me dit
la dernière amoureuse de la vie d'Yves Lecerf. Pas moi. On ne jouait
pas dans la même cour, alors rivalité. C'est ce que j'ai répondu.
Je n'ai d'ailleurs compris que très tard qu'ils étaient ensemble,
qu'elle attendait dans la voiture quand il me visitait chaque jour
presque à la Salpêtrière en 1992, là où j'étais hospitalisée
en toute folie. Quand j'étais méchante avec lui parfois. Et le
regrettais.
La seule rivale pour
moi étant Isabelle, cette femme de mon ami, entêtante ou hantise.
Me retrouver seule
dans cet appartement de Saint-Cloud où il vivait, c'était comme
croire un temps être chez Barbe-Bleue. Alors qu'il s'agissait du
Marsupilami le plus désolé, au désespoir si intense d'absolu. A
l'agonie, comme quand on a le coeur aussi gros. Alors qu'il
s'agissait de l'inverse. C'est Barbe-Bleue qui lui avait tout pris.
Il était encore au
dedans du Procès en permanence et toutes ces saloperies qu'il y
avait entendues alors et entendait encore, le laissant plus perdant,
plus humilié.
L'incompréhension
c'était ce qui dominait. Presque dix ans plus tard, à la fin, il
descendra ces archives dans la cave et je l'y aiderai. Son fils
aussi.
Il me racontait
combien cette année là 1986 était particulière : perdre sa
mère (et quel amour l'animait quand il parlait d'elle), retrouver
son fils (heureux, dérouté, effrayé aussi), faire le premier
congrès sur l'ethnométhodologie (sa marotte, son espoir). Et me
rencontrer, comme une autre coïncidence.
Il travaillait sur la vérité, et s'en chasser comme on quitte un Eden morbide, en ausculter les recoins obscurs pour prouver que finalement elle n'existe pas ou seulement provisoirement, seulement entachée par tous nos liens.
Elle l'avait
rattrapée, comme on découvre un jeu de mort. Les 64 hexagrammes
maudits pour toujours. Un jeu de dupe pour moi et fallait-il le
démontrer ?
Après avoir
construit des modèles d'adeptes de sectes dans son laboratoire, il
voulait trouver la parade, passer à l'offensive encore autrement que
de montrer des marionnettes qui parleraient à des marionnettes.
Trouver le moyen de
déjouer le piège de la raison, de la science et des raisonnements
spécieux qui laissaient eux aussi entrer des monstres en nous. Ne
plus se laisser éblouir par celui qui prétendrait la détenir, la
vérité. Et en user, en abuser forcément. Tordre la réalité que
nous inventons tous, chacun, sans que l'un ou l'autre aient jamais
forcément raison. Et comment ça marchait partout de croire qu'on a
même mathématiquement raison. Contrarier l'objectivité qu'ils ont
à la bouche.
Alors il donnait
évidement définitivement tort à l'intelligence artificielle –
après en avoir été un des chefs, de ses balbutiements européens,
à Rome, et autour du thème de la traduction automatique des langues
– un autre de ses gros soucis.
Cette défense
qu'il décidait de jouer était elle aussi liée encore à
l'enlèvement, à la secte et comment ne pas se laisser piéger dans
cet absolu du vil.
« Et
te rencontrer... » Il m'était pourtant impossible d'y croire.
Mai contenta ! Alors
mes questions, d'où l'idée fixe, de savoir si cette vraie histoire
que nous vivions n'avait été que ma seule construction.
M'accaparant l'amour si effrayée de ne jamais y croire tout à fait,
pour ce qui concerne l'autre en face.
Parfois dans les
cafés ou les restaurants, il s'allongeait sur la banquette, se
tenait finalement fort mal et je restais perdue d'interrogations. Un
autre signe pourtant seulement de son épuisement. Et bien sûr de
son indifférence à la bienséance qui lui avait jouée tant de
mauvais tours.
Je crois que
finalement aussi il s'est redressé, sans pouvoir échapper à la
peur. Je m'interrogerai constamment sur le fait que je ne saurai jamais comment était Yves Lecerf avant sa brûlure, avant
l'effondrement.
« Dis donc
avec M. la transmission de pensée marche plutôt bien... (J'invente
un peu pour le faire maronner)
- Quoi ?!
Quoi !? Et moi... »
Il tire les dés
faussement nerveux, sa manière de jeter les pièces ou les baguettes
du Yi-King. « Non, décidément... » Il essaye encore.
Non, décidément non. Qu'est-ce qu'il espérait ? Me parler
depuis sa mort éternelle ? Qu'il n'y compte pas. Aucun. Aucun
d'entre eux, ni revenu d'aucune manière et pas faute de l'avoir
imaginé. Personne ne revient de là et aucun signe de nous frappera
jamais.
C'est nous qui
fabriquons l'éternité, mais pas celle imaginée par Bill Gates,
Mark Zuckerberg et consorts. Les plateaux de oui-ja peuvent déborder
d'esprits frappeurs, c'est rien que des inventions souvent imbéciles
pour passer le temps.
C'est ce que
certains cherchent à dire encore quand ils pensent qu'il vaut mieux
voir les gens morts pour de vrai. Ça aiderait soi-disant... Mais
cette véritable face bistre, ce truc qu'on ne pourra jamais bien
maquiller puisque ça n'aura plus jamais de mouvement, et n'est pas
du tout étonnant. Pas éclairant c'est sûr. C'est bien comme ça
que je les avais déjà vus dans ma tête, gris et morts. Sans vie et
c'est terrible. Un moment oui, un instant non. A la seconde près.
La mort inscrite
m'est insupportable, ne me dit rien. Je le sais puisqu'il n'est pas
le premier, pas en tête de liste de cet affrontement-là. On n'est
pas tous à la fréquenter autant. Mon insouciance – sinon mon rire
– s'est dissoute il y a bien longtemps. On a plus de devoir quand
la mort vous a frappé ainsi, même si sa cruauté reste
incommunicable. Même si on se croit chargé de prévenir
l'imprévisible et l'innommable.
Il comptait sur
quoi ? M'envoyer des flashs ? Il savait pourtant bien qu'il
ne fallait pas y compter. Je le vois. Ça bat et ça s'arrête. Ça
bat et ça s'arrête. Ça s'arrête. Ça s'arrête.
Et on va croire
échapper à la mort en silences morbides la concernant ? Quand
on écrit au travers, à l'aide d'un filtre qui s'appellerait le
style, on avance aussi dénudé, autant. Ce qui continuera forcément
à vous étonner. Et vous n'y pourrez rien.
« Il est
parti.. ». Non, il est mort.
Mais oui je
t'entendrais et continue de répondre. Elle marche la transmission.
Elle vient la
musique. A Yves quand dans les derniers temps je la lui fais
réécouter, celle qu'il a bannie. Son monstre en écoutait. Le
diable a tout pris. J'y reviens de mon côté. Et quand la musique
est trop forte, je m'échappe, ange et bête.
Il m'a donné un
signal de vie. Pas moins. J'y pense à égalité de cet homme-là
avec mon père, comme je sais le faire. Aussi sincèrement et bien
plus ancré dans la vie par certains aspects. Peut-être celle d'une
parole qui compte autant pour moi. Et mieux forcément parfois que le
paternel sous certains rapports, puisqu'il est là lui aussi, que je
l'ai questionné même silencieusement. A Yves je lui ai parlé pour
de vrai. J'ai vraiment besoin de le redire pour que vous en
compreniez le fin mot, puisque j'ai beaucoup discuté avec Yves
Lecerf, même s'il était très pris. Épris de guerres aussi.
Et il m'a parlé à
son tour.
Il y a tant
d'événements depuis que j'aurais aimé partager avec lui. Souvent
j'adresse des moments de l'actualité à ceux, de mes morts, qui se
sentaient concernés par ci ou ça. J'en discute encore volontiers
avec eux, et me heurte au final à mon soliloque.
Seule sur mon île –
et il ne s'agit pas d'une métaphore – je regarde et me sens
impressionnée au-delà par ces 360° impossibles et qui font comme
on est lové. Au dedans, au dehors.
Poésie
Vaincra ! Et
vaincra contre tout les crimes et c'est ta vérité.
C'est ce que je
souhaite te dire principalement. Tu en es le père.
Mon
père d'arme.
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