lundi 1 février 2016

Apprendre...

Non, je n'ai pas été la petite fiancée cachée du Docteur Frankenstein. Juste pour dire. Préciser.
Un soir nous arrivions près du Quick des Champs-Elysées, je lui affirmais, cette évidence et loi en moi d'un ni Dieu ni Maître auquel je tenais sans effort. Fondamentalement. Dieu, c'était moins simple, je me disputais souvent avec Lui, au point de me demander s'il existait. Dans un Noé que j'ai commencé à écrire et dont seul le premier chapitre est abouti, Noah dit, quand ils regagnent la terre ferme, quand tout est fini, quand la terre est sèche, quand l'oiseau vole, annonciateur à son tour ; il dit en colère contre Dieu, de tout ça : "Je te prends! Et je te laisse!" Il le répète.
Mais maître non. C'est pas sérieux. J'étais impressionnée par le CV d'Yves, mais une fois cela admit, ce n'était pas tout de lui, et les interstices m'intéressaient.
Quand nous allions à la fac ensemble, le public était partagé entre ceux qui pensaient que j'étais sa meuf ou alors sa fille. Je me disais bien, timide autant, que je pouvais avoir l'air d'une souris hypnotisée par le gourou. Ceux qui nous connaissaient étaient peut-être plus étonnés. J'étais plus obéissante que docile et j'allais chercher les cafés. J'étais secrétaire même particulière non ?

Quand j'ai commencé ce blog, j'étais effrayée, vraiment apeurée à l'idée de dire quelque chose de faux ou en trop sur Yves Lecerf. De ne pas écrire un vrai Yves qui n'existe pas.
Il y avait aussi cette secte qui semblait sommeiller comme un dragon couvrant son or. Eux. La souffrance d'Yves.
Beaucoup m'ont reprochée à raison, toutes ces fautes, de syntaxe ou d'orthographe. Récemment j'ai tenté de corriger, de réécrire, cela après m'être dit que ce langage crypté (car c'est de cet ordre aussi) me servait en ce temps-là. Mais ça n'était pas respecter le Travailleur que de devenir illisible. Écrire, et sans fautes, c'est quelque chose qui a toujours vécu en moi. A l'école en dictée, je balançais plus souvent entre le 0 pointé et le 10 quand j'étais menacée. A n'y rien comprendre. Moi non plus. Mais j'avais une relation affective au travail scolaire, trop mue par mes affects qui bouleversent encore cette relation avec le savoir. Tout se brouille, je deviens idiote. Tout s'allume, la réponse fuse sans que je sache même d'où me vient ce savoir, de je ne sais où... Je n'ai pas de certitudes grammaticales et pour le reste...
Corriger les fautes, sans jamais pouvoir les réparer, avait quelqu'intérêt.

La femme qui a vécu une histoire d'amour avec Yves dans ses dernières années, me disait après sa mort, qu'elle ne pouvait s'empêcher de me voir en rivale. Je lui disais que nous n'étions pas à la même place (un peu comme si la rivalité mère/fille n'existait pas). Je n'étais pas (pour moi) l'Autre femme. Sa présence ne changeait rien à ma relation avec Yves Lecerf. Qui était son autre fille adoptive et l'avait décrété ainsi, un jour, une heure ? Quand Yves venait me rendre visite à l'hôpital, elle restait à l'attendre dans la voiture. Je l'ignorais.


J'ai surmonté beaucoup de choses grâce à lui, sans que jamais il ne me guide, trop. Il était surtout présent. Il me répétait que l'important était d'avoir le diplôme, avant même de rêver d'une bonne mention. J'avais pourtant peur. Comment faire quand de plus, on veut tout faire soi-même, qu'on refuse d'être aidée, qu'on en tire même de la gloriole, qu'on n'y peut rien. Il ne me conseillait pas, mais mettait à ma disposition le matériel pour travailler.
Je ne voulais pas me marier avec mon père,  ni même un mariage mystique l'ayant perdu trop tôt. Je ne voulais pas me marier avec Yves, qui avait l'âge d'être mon père, même en rêve. Je l'ai compris et il l'a compris. Cette différence d'âge était historique pour moi. Une génération c'est une histoire et d'autres traces. Je n'avais pas envie d'être adorée. Non, qu'il m'aime voilà l'important.
En perdant mon père j'ai perdu à jamais tout sentiment de sécurité. Celle qu'Yves Lecerf m'offrit me permis d'avancer, de travailler, de m'aider à chercher, ce qui m'est le plus cher au monde.

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